Cortège de Théophile
Tous ces êtres singuliers encadrent le moindre évènement de la vie de Théophile et hantent ses rêves. Ils figurent dans les fêtes municipales : quand tout le monde est sur le pas des portes ou sur la place publique en grand costume, - Madame Verneuil et ses lévriers, Mademoiselle Duranton et son bouquetin, la folle de la montagne et les brides blanches de son bonnet, le père Nadeau, l'idiot s'y rencontrent et y tiennent leur cour. Ils prennent aussi, chacun son rang, les jours de Toussaint au cimetière dans les funèbres théories de l'Absoute et les jours de Fête-Dieu près des reposoirs ou à travers les rues dans les processions du Sacrement. Toujours Théophile, parmi les pompes les plus solennelles, connue au fond du mystère le plus intime de son existence, les reconnaîtra qui s'avanceront en lui-même sur les pas de Dieu.
Marcel Jouhandeau, in Chaminadour ; Quarto/Gallimard