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27 janvier 2006

En marge

Févtier 1962
  Je vous écris avant de perdre l'usage du français. Ici, plus rien ne veut rien dire. Je le dis encore mais faiblement, je l'écris d'une bille vacillante. Tout ce que nous avons cru être pierre assise, pierre où s'asseoir, rocher qui nous émergeait. De quoi s'appuyer. Ce n'est plus utile, ça ne fonctionne, ça ne se laisse plus utiliser qu'en vain : on fait le rétablissement au rocher pour se sortir de la mer qui noie, mais ce n'est pas à un ciel qu'on accède, on ne sort de l'eau d'en bas que pour plonger vers le haut sa tête dans une autre eau, dans une autre matière irrespirable. 

Avril 1975
  Non prépaeé à la société actuelle qui n'est même pas la suite de la société pour laquelle j'ai été formé...
  Ne plus tenir compte du passé, n'avoir plus de parents, plus de maîtres à écouter ou dépasser.
  Se resituer comme élément d'un ensemble absolument nouveau, du reste, en continuelle et rapide évolution.
  Renoncer à me situer par rapport à la poésie passée, comme si je ne pouvais faire que la continuer, au contraire chercher, dans la société présente, s'il y a une place pour ce qu'on appelait autrefois poésie, et  quelle espèce de poésie pourrait occuper cette place.

Février 1987
  J'écrirai aussi ma honte d'être un élément de la machine théâtrale et cinématographique, qui est une machine bête, gratuite, dont les produits rendent plus encore imaginaires qu'ils ne le sont naturellement ceux, spectateurs ou créateurs, qu'elle envoûte.

             Roland Dubillard, Carnets en marge ; Gallimard

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