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Foire à tout
6 février 2006

Baltringue

  Baltringue, quand même au bout du compte, tout ce qu'on aura gardé au fond de son coeur, à soi tout seul, de tendre et de doux, d'intact, c'est bien nos morts. Rien que nos morts à nous - nos morts à nous et quelques autres, de ces morts d'adoption, de ces inconnus qu'on s'est choisis au petit bonheur la chance sur la route et qui n'en sont pas moins restés les moins chers au fond, aussi bien au sens propre qu'au sens figuré.
  Le reste, tous nos médiocres accomodements, nos mesquines petites angoisses de comptable, nos frêles lambeaux de rêves salariés, nos amertumes pas très reluisantes, toutes ces minces souffrances, les infâmes petits besoins bien sales et dégueulasses, les secrètes cochoncetés à quoi on se croyait tant attaché au fond, parce que ça aidait bien à vivre, quand même... Rien de cela n'a tenu la distance.... Tout s'est effiloché peu à peu sans qu'on y prenne trop garde... Au bout du compte, à la fin, il ne reste plus bien grand chose, plus beaucoup de valises à poser au moment qu'on ferme... On aurait bien voulu, pourtant, jusqu'au dernier moment, faire encore des efforts, des choses et des machins, même intéresser encore un peu, distraire...
  Seulement, c'est pas facile de distraire. On croirait, mais c'est encore bien moins facile que le reste, amuser la galerie... Ca demande beaucoup d'efforts, une application incessante, et surtout énormément de courage. Quant à intéresser...
  Rien que des choses trop compliquées.

             Hugues Pagan, Dernière station avant l'autoroute ; Rivages/Noir

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