Froid
« Les dérives sans fin de la pensée, de la possibilité - toujours oblitérée - de la pensée, voici, en fin de compte , ce que l'activité humaine globale ne cesse de tuer socialement en chaque individu. Je te devine sourire. Tu es montée aux branches d'un pommier, et, en bas, tes amies s'affolent un peu. Il y a de quoi s'inquiéter avec plus de précision qu'au sujet des vicissitudes du progrès et des pollutions en chaîne. Tu as abandonné la lecture de cette lettre à la phrase précédente, décidée soudain à aller contempler les falaises proches. Y aura-t-il un goëland blessé qui tombera, comme une feuille morte, comme une feuille blanche, comme une image, jusqu'à devenir invisible sous la neige des mots ? »
Serge Sautreau, Paris, le 4 novembre 1973